Ma dantesque venue à la Foire du Livre de Bruxelles

Préparatifs merdiques sous la houlette de Flitkov en vue de La Foire du Livre de Bruxelles 1/3


Les pensées narratives ricochent à vitesse lumière dans ma spongieuse boite crânienne. Je contais ma dernière aventure, que tu n'as pas eu l'occasion de lire vu que tu t'en branles de mon blog mais qu'en revanche tu préfères les photos débiles et autres conneries affichées sur ma grotesque Fan de page. Chacun ses goûts. Amen. Je m'en fous un petit peu.

Maintenant que je suis connu aux quatre coins de l'univers, je n'ai que faire de l'attention que les plèbes émerveillés, jaloux, ne veulent me porter. J'ai passé un autre stade. Aujourd'hui, j'écris pour une entité bien supérieure. Si tu avais un minimum suivi, tu saurais que ce blog n'est pas une parodie de mauvais gout. Cela va bien plus loin. Ce blog à provenance Russe est cosmique. Il crie, hurle, suinte l'originalité de partout. Il formate la pensée aseptisée pour en faire de la pensée haut-de-gamme. Une pensée flamboyante, totalement en opposition avec l'aveuglant Mainstream que les gens dits normaux, les médiocres voient. Je suis face à la mort chaque jour. Je surpasse la mort. J'écrase la mort d'un seul doigt.


Chaque seconde je survis face à ces violentes marées d’écureuils exécrables, ne souhaitant qu'une seule chose, se venger de leurs défunts frères dont je me suis vilement servi pour me sustenter. Tu dois de respecter et t'agenouiller face au Montishow et sa cosmique pensée d'une vaillance inébranlable, inaltérable. A l'heure où j'écris ces lignes, je vois flou, un léger voile vert trouble mon regard. Rien de neuf. Je suis toujours accro à cette Vodka Cannabis, la boisson officielle que tous les fans se doivent aussi de consommer.

La nouveauté se trouve dans la localité. Ouais, je suis en Chine. Flitkov a mis les petits plats dans les grands pour notre venue à la Foire du Livre de Bruxelles. Il a eu une idée pathétique ou géniale, nous le verrons demain. Je m'explique. D'après Flitkov, une usine située à Ordos est un petit bijou. Son contact et grand ami Monsieur Ching Chong, le directeur de l'usine se dit dans la capacité de fabriquer tout ce qui est imaginable. C'est d'ailleurs lui qui est à la base du dernier produit mis en vente et promotionné par le grand porte-parole de langue française, l'ascète, le dénommé Morsay.


Ouais, sur un coup de tête de Flitkov, nous avons sauté dans la Lada 1200 prêtée par Zakmir. La bagnole de Flitkov ayant été emboutie par un char d'assaut lors d'un braquage de chemises hawaïennes. Il nous fallait une voiture de remplacement, peu importe le modèle. Mais bon, là, c'était quand même exagéré. Cette voiture devait être plus ravagée que celle ayant servi au casse. Elle couinait de partout. Un cochon ambulant véritable.

Je m'éparpille, j'en reviens à la situation de départ. J'étais entrain d'écrire. Flitkov arriva et lança.

- NOUS ALLERS FOIRE DU LIVRE BRUXELLES FAIRE POGNON MAIS AVANT NOUS ALLER EN CHINE POUR PREPARATIFS.

Je restais sans voix, comme toujours devant autant de conneries. Et je dis.

- Je peux me laver avant d'y aller. Je suis une guenille. Faut que je sois un minimum présentable quand même.

Il se mit à rire avec éloquence.

- HAHAHAHA. TOI ETRE UN GUENON. PAS UNE GUENILLE HAHAHAHA. ALLEZ VIENDRE.

Pas eu le temps de dire ouf, que je me trouvais dans la caisse avec Flitkov et ma bouteille de Vodka, je criai.

- A nous les Chinois. A nous l'aventure.  A nous le succès !

Je tournai la tête en sa direction.

Flitkova elle vient pas ?

- REVE PAS FLITKOVA MA SOEUR ELLE TAIMER PAS ELLE JUSTE AIMER LARGENT

- Je vois. C'est donc de famille.

Pensais-je tout bas...

(Première partie de cette expédition, terminée.)



Préparatifs merdiques sous la houlette de Flitkov en vue de La Foire du Livre de Bruxelles 2/3

Les calculs de Flitkov se voulaient très précis. En 3 jours de voiture nous aurions dû atteindre la Chine. Nous avons mis 3 semaines ! Nous avons traversé assez bien de pays. La Mongolie fut le plus rude à passer , les habitants de ce pays, les Mongoliens, ont fait des pieds et des mains pour que je reste chez eux. Un air de ressemblance sans doutes, le courant passait bien avec leurs femmes. Elles me jetaient toutes des regards endiablés en me susurrant à l'oreille.

- Mounti, Mounti chaud, chaud. Mounti chaud.

Grandement choqué, je n'ai pas répondu à ces avances. Enfin, disons que je préfère ne pas déballer ma vie amoureuse à tendances scabreuses. Ici, c'est pas un magasine people pour les femmes en manque de célébrité. Ici, c'est le fiesta party de la connerie déjantée assumée. Si tu veux des détails croustillants, tu me MP, bébé. Tout est négociable. Après cette parenthèse, revenons à nos biberons.

Ces 2 semaines ont été très mouvementées. Chaque pays produisait sa propre spécialité alcoolique du terroir. Les autochtones nous en offraient généreusement. Hommes au grand coeur, ils nous étaient, pour Flitkov et moi, impossible de refuser. Bouteille sur bouteille pendant tout le trajet, nous nous bourrions le gueule en pensant au malheur que nous ferions à la Foire du Livre de Bruxelles. Tous les auteurs devaient avoir la frousse dans leur froc rien qu'en pensant à notre dantesque venue dans leur palais de la littérature, de la grande culture comme ils aiment le revendiquer. Dans l'euphorie de notre future victoire, je n'avais pas penser à grands choses. Enfin, je n'avais plutôt penser à rien du tout. C'est au 12ème jour que je me posai une importante question. Entièrement imbibé par l'alcool, je dis à Flitkov.



- Hey Ftiteekovv qu'essseett queeee tuuu m'emmmènness ennnn Chineuuu ?

- CHING CHONG LUI ETRE VOYEURISTE DU FUTUR. LUI AIDER NOUS POUR TOI ECRIRE.

- Jeuuuu neuuu pensseee pass qu'il puissseee nouss zzzaider ! Jeuu vaiss pas écirre un roman en quelques jourss quand mémeee.

- BOIRE ET TOI TE TAIRE.

- Okééé mééé c'éé bii..biienn pourrr tee férr plaizirrr monn potttee..eu...

- DE RIEN. JE CROIS QUE JE ZIGZAGUER UN PEU. TOI SURVEILLER ROUTE DACCORD ?

- "ronfle"

Je m'étais endormi.

2 jours après, nous étions arrivés en Chine dans état de délabrement total. Devant l'usine, Flitkov stoppa. Je poussa la porte de la voiture difficilement. Je mis un pied dehors, puis l'autre. Ça tournait, tournait. Je vis une silhouette. Je tendis la main pour saluer la personne et bredouillais.

- Cing Tchoounf je zouissss Mountrishouw. Ca gaze Mounsieur Tchouk heuu... Tchik ?. Ravii de vous zalluerr Poutchik. En forrmeee ?

Selon Flitkov après cette phrase confuse, je tombis comme un sac. Ainsi commença notre visite de l'usine


Il est bon de rappeler que l'abus d'alcool nuit gravement au fonctionnement du cerveau. 


Préparatifs merdiques sous la houlette de Flitkov en vue de La Foire du Livre de Bruxelles 3/3

Etendu au sol telle une carpette d'entrée, je fus traîné jusqu'à l'usine par Ching Chong et Flitkov. Mon état de semi-conscience me permettait de suivre la mercantiliste conversation. Un terrible secret y fut révélé. Flitkov très motivé, parlait encore plus fort que d'habitude.

- ALORS TOI FAIRE LES BEST SELLER DES AUTEURS GRACE A MACHINE CREATIVE ?

- Oui zé m'occupe dè écrireu les livres des grands auteurs grâce à une machine à hautes-performances et mes employés sous-payés.

- TOUT ETRE FACTICE ALORS.

- Bién zur c'é facile d'enetube tout le monde. La vie moderne est factice. D'ailleurs, vu qué nous sommes entre amis, allons au bout de la révélation, voulez-vous ?

J'étais dans les vapes mais dès ce moment, je peux assurer qu'il avait perdu son accent. Il se mit à parler de façon soutenue. L'écume au coin de mes lèvres moussait, le stress post-traumatique de cette révélation m'angoissa vivement. Mon coeur accéléra la cadence des battements. (commentaire : phrase de merde)

- OK

- Dîtes, il est lourd, votre bougre de Montishow.

- OUI LUI AVOIR TROUVER MOYEN DE MANGER DES ÉCUREUILS DANS LA FORET. HAHAHA

- M'est avis qu'il devrait en consommer en plus infime quantité.

Ils arrivèrent dans le centre de conception. Je fus déposer contre des caisses en bois. Jambes écartées, bras ballants, tête tombante sur ma poitrine, la langue pendante. J'étais dans un état semi-végétatif. Les yeux à moitié ouverts. Ching-Chong se mit à rire follement. Les pulsions incontrôlées le firent trembler de partout. Un possédé.

- Croyez-vous que le libéro-capitalisme vit sa fin ? Pauvres fous. Cette machine permet d'élaborer le livre que vous désirez. Savez-vous qu'il suffit d'appuyer sur quelques boutons pour choisir, le ton, la puissance des mots, le nombre de scènes d'amour, de sexe, les caractéristiques des personnages. Je suis la réincarnation de Milton Friedman. Je suis Friedman, je suis un Chicago Boys. Je fais partie de ce que vous appelez petites gens, l'élite, le nouvel ordre mondial, ceux qui ont la laisse pour tenir tous les petits chiens-chiens du monde entier dans la servitude la plus totale, dans l'aliénation la plus complète. Ne réfléchissez pas, les enfants, nous nous occupons de tout. Ne réfléchissez plus les enfants, nous sommes la vérité. Les Dieux vous évitent de penser.

Il alluma un cigare façon gangster. Il tira à plein poumon. Une fumée noire expulsée de sa trachée sortie puissamment de sa bouche.



- Voyez Flitkov. Les pauvres d'en-bas. Nous pourrions les réduire à néant si nous le voulions. La question est. A quoi cela nous servirai-il de les détruire ? C'est assez simple, nous n'aurions plus de mains-d'oeuvre pour exécuter les basses-besognes. Nous n'aurions plus de jeux, de pouvoir. Entre-nous, nous embêterions. Fini le complexe Monopoly géant. Fini l'excitation. Durant toute l'Humanité, il a fallu que l'on garde les esclaves entre la pauvreté et la médiocrité pour qu'il puisse nous servir au mieux. Vous savez, avec un seul coup de téléphone, je peux vous rendre riche ou vous détruire. Si vous réussissez, cela donnera de l’espérance pour d'autres, qui pour la plupart seront toujours pris dans l’étau du fatiguant, de l'harassant système, il va falloir gagner. Gagner de l'argent pour mieux nous le donner. J'en ai déjà assez dit à un ignorant tel que vous. Soit. Je ne m’épancherai pas. Vous m'êtes sympathique Flitkov. Après la destruction de votre système. Qu'est-ce que nous nous sommes gavés. Nous avons racheté le pays pour une bouchée de pain. Encore une bien belle affaire.

Flitkov n'avait pas l'air de comprendre. Il se frottait le nez.

- JE NE RENDRE PAS DANS DÉTAILS. JE SAVOIR QUE MOI RIEN SAVOIR FAIRE ALORS MOI FAIRE POGNON POUR VIVRE. CA SARRETER LA.

- Certes, venons en aux faits. Votre débile de Montishow. Il écrit quels genres de trucs ? Sorciers ? Vampires ? Eau de rose ? Littérature sensuelle ? Science-fiction ?

- ECRIRE HEU...TOUTES SORTES...

- Aidez-moi mon vieux ! Faut que cela colle un minimum avec votre bougre. Ecoutez, je vais faire un mix de tout avec un peu plus d'eau-de-rose pour les minettes. Il est encore jeune votre gars. Pas trop mal foutu. M'est avis qu'il pourrait faire un malheur au près des jeunes pucelles.

- LUI ETRE RUSTREUX QUAND MEME. LUI JE PENSE PAS AIMER.

- Qu'importe, souhaitez-vous vendre ou non ?

- PLUS QUE TOUT. JE ENVIE DE MACHETER UN MUSTANG.

- Parfait. C'est parfait mon brave ! Je règle les paramètres. Un peu de violence édulcorée, beaucoup des beaux jeunes hommes imberbes musclés, style d'écriture moyen, une fille niaise à l'intelligence limitée en manque d'amour, un peu de fantastique. J'arrose le tout d'eau-de-rose extra-forte et de mignons animaux. J'appuie sur le bouton START. Et le tour est joué. Combien d'exemplaires souhaiteriez-vous ?

- JE PAS SAVOIR. HEU....100 120 ?

- Rigolez-vous !? Il faut voir bien plus grand. Je tablerai sur 25 000 à 30 000 exemplaires. La machine a sorti de très grands blockbuster comme Jurassic Pourk, le seigneur de l'anus, Harry Petter, j'en passe et des meilleurs. Faîtes-moi un peu confiance. Pour la couverture, je propose du rose fluorescent pour rendre le produit tendance et Kawaii, comme disent les jeunots. Voici le contrat, signez là.

- OK

La production de bouquins était lancée. Les ouvriers s'activèrent...

Fin de la partie 3/3. Bientôt la partie 4/3


Cours faire dédicacer le livre de l'amour à la Foire Du Livre de Bruxelles




Préparatifs merdiques sous la houlette de Flitkov en vue de La Foire du Livre de Bruxelles 4/3

Une fois les livres imprimés. Ching Chong me mit une claque. Je ne fus pas réveiller pour autant. Mais dans un état comateux, j'arrivais à saisir les mots de volée. Il me montrait un bouquin. Je sortis un peu plus de ma somnolence. Un quart étonné, je dis.

- Wow qu'il beau. Et la couleur qu'elle est belle. Et puis, le logo qu'il est beau. Wow. La beauté incarnée. La pureté de la beauté. La beauté immaculée.

L'homme d'affaire pris un air à la fois hautain et moqueur.

- Mon brave, vous auriez pour le secours de votre misérable vie, grand intérêt à vendre un gargantuesque nombre de bouquins à cette foire pour plèbe débilitée fan de Mainstream. Si ce n'était pas le cas, je n'ose imaginer les dégâts corporels que je serai, avec grand contentement, obligé de vous infliger. Votre agent a signé un contrat avec ma personne stipulant que vous me devez la modique somme de 90 000 euros. Soit 3 euros comme droit d'auteur dans ma poche, par livre vendu. Libre à vous de fixer le prix de vente du bouquin. Tant que vous me transmettez la somme fixée, ce n'est en aucun cas mon problème. Un avion vous attend. Je vous ai aimablement réservé un vol direct pour Bruxelles. Vous serez en première classe. Les ouvrages seront transportés en soute. Tout sera à votre disposition pour la foire, table, tracts, bics Hello Kitty rose assorti au bouquin. Je vous souhaite d'ors et déjà une excellentissime séance marchande. Fitkov, vous pouvez disposer. Nous ferons le débriefing ce weekend.

Je poussais sur mes jambes pour me lever, avec toute la force et l'énergie disponible et je ne décollais pas d'un pouce. Flitkov m'attrapa, me souleva pour me faire balancer et atterrir sur ses épaules. Il me tenait autour de sa nuque comme une bûche de bois.  Nous nous dirigions vers une la voiture, qui était notre taxi pour l'aéroport. Le trajet effectué, nous nous trouvions dans l'avions. Le voyage fut assez long. Rien n'était à signaler. Mise à part les multiples tentatives foireuses de dragues que Flitkov avait menées sur une hôtesse siliconée. Enfin, nous étions arrivés à Bruxelles. Ma terre natale. Ma terre fritière. La joie y fut de courte durée. Les douanes. Ces saloperies de douanes se sont emparées du stock de bouquins. Le motif de la confiscation est : plagiat de Best-Seller. A notre surprise la plus grande. D'après les douaniers, les livres se trouvaient être un mixage entre du Amélie Nothomb, Max Brooks, John Fante, Warren Ellis, Tolstoi et un tas d'autres noms, inconnus pour moi.  La machine avait péché ça et là dans les dits chefs-d’œuvres de la littérature. Ne connaissant pas trop la littérature, je ne pouvais affirmer la véracité des propos. Même si je l'avais fait, la conséquence aurait été la même. Oui, nous sommes à Bruxelles, sans livres, avec une dette de 90 000 euros (sans compter ma dette envers Flitkov, la liberté). Les livres sont irrécupérables, sauf si l'on voulait tracer les lignes d'un terrain de football. Les bouquins ne sont plus que poussière. Incinérés, envolés, en fumée. Enfer et damnation.

On n'est pas dans la merde.

Notre seul espoir est que tu viennes nous donner de l'argent à la Foire du Livre de Bruxelles.

D'avance merci, ton don nous sauvera la vie. Enfin, me sauvera la vie. Flitkov on s'en fout.




Notre dantesque venue à la Foire du Livre de Bruxelles 1/3

A bout de nerfs, j'arrivais à la foire du livre de Bruxelles sans aucune marchandise. Fkitkov avait beau m'avancer ses nouvelles trouvailles. Cela ne me rassurait pas du tout. Que du contraire. A notre débarquement à Bruxelles, il courut dans un café internet pour choper et photocopier les textes, ici présents sur le blog. Il se frottait les mains, avançant avec entrain notre future réussite. Des centaines de photocopies furent reliées avec de simples agrafes. Comme un syllabus, sans numérotation, sans pages de garde, sans couverture. Une qualité nazistique qui ferait passer un cahier de brouillon pour un cahier haut-de-gamme flambant neuf . Je me tapais la tête contre le mur. Il était impossible qu'une personne ne s'intéresse, ne pose même un instant les yeux sur ma production. Le réalisme était de mise. Avec du matériel aussi insignifiant, de si mauvaise qualité, on ne pouvait espérer atteindre un public de lecteurs habitués voir même de débutants. Il s'en foutait totalement, il n'avait aucune connaissance du marché. Au fond de moi, je pense que les 90 000 euros de dettes le faisait stresser comme pas possible. Il voulait combattre jusqu'au bout le sort, la fatalité funeste qui s’annonçait. Personnellement, après mon séjour dantesque dans l’hôpital psychiatrique (dont je ne tarderai pas à vous narrer la suite), je ne voyais pas ce qui aurait pu m'arriver de pire. Je l'aidais non-nonchalamment sans rien espérer. Mon ventre était légèrement noué, je dois l'avouer. Les réminiscences de ma première et lamentable expérience en public, sans doutes.

Le boulot finit, nous nous dirigeâmes vers la Foire du Livre. Flitkov ne manqua pas de noter l'état délabré de nos routes.

- CA ETRE PIRE QUE CHEZ NOUS FAUT LE FAIRE.

Absent, je ne lui donnais aucune réponse. Mon retour en Belgique me donna un coup de plus sur la tête. Que la ville était blême. Qu'il faisait grisâtre. Comme les gens avaient l'air triste. La même moue. Partout dans la ville. Était-ce cela la civilisation du 21ème siècle. Des gens qui courent, courent derrière je ne sais quoi, qui courent à en crever derrière l'oseille qu'on veut bien leur donner. Ils grimacent, suintent la peur, la défaite, le mal de vivre. Je me posais quelques questions existentielles. Suis-je aussi blafard ? Sans vie ? Flitkov me mit une claque à la joue gauche. Je ne sursautai pas. Je réagis à peine. 

- CA Y ETRE ARRIVE. PRENDRE LE MATOS LES AFFICHES ET ON RENTRE. BUSINESS BUSINESS.

- Pourrais-tu un peu baisser le ton ? Je suis stressé. Je n'ai pas envie d'aller à ta foire. Si j'avais produit une nouvelle ou un roman, cela me gênerait pas. Mais ici, nous n'avons rien. Strictement rien. Que de la merde en boîte inconsommable même pour un putain de chat privé de gout et d'odorat. 

- TOI AVOIR EU LE TEMPS ! NOUS AVOIR TES TRAVAUX. CA DEJA ETRE BIEN.

- Restons lucides. Personne, je dis bien, personne n'achète des travaux avant même qu'un auteur n'est produit un minimum. C'est d'une logique implacable. Tu comprends !?

- QUI TENTER RIEN NA RIEN.

C'est ainsi que nous nous dirigeâmes vers l'abattoir, vers la Foire du Livre de Bruxelles. Vers l'infâme boucherie pour tout scribouillard amateur qui aurait l'audace d'y proposer ses travaux de dégénéré.


Ça va mal se passer. Je le sens.