The end


La voie

Avec futilité, je l'ai regardé passée.

Avec intensité, elle m'a observé.



Je ne l'avais pas remarquée.

Elle, voulait m'embarquer. 



J'aurais aimé dire. J'ai fait ce que j'ai pu.

J'aurais aimé dire. J'ai fait ce que j'aurais dû.



Je ne l'ai jamais su.

Je n'y ai jamais cru.



Épris de culpabilité, aujourd'hui encore, je la regarde s'éloigner.

Aujourd'hui encore, j'aurais aimé exister.



Je tente de la rejoindre.

Je tente de l'atteindre.



Illusoire.

Désespoir.



Je l'ai manquée.

Jamais, je ne la rattraperai.



La voie est empruntée.

Je ne peux plus reculer. 







L'épopée médicale "6ème Partie"

(Pour suivre, faut avoir lu les parties 1, 2, 3, 4, 5)

La troupe de joyeux troubadours était entrain de tirer sa révérence. Profitant de l'aubaine, je m'inclus dans le groupe pour quitter la cellule. Le sang maculait nos vêtements, le liquide dégoulinant, formait sur le sol un tapis huileux. A tel point, que nous titubions de gauche à droite comme des novices sur une piste de patinage sur glace. Proche du point de rupture, je vacilla et m'agrippa à ce farfelu danseur pour rétablir mon équilibre initial. En vain. Ce geste provoqua la chute de l'artiste ainsi que la mienne. Je pouffais un long et doux cris. Wooooowwwwwww. Mon coude s'écrasa sur les parties intimes du sacripant. La douleur le poussa à se rouler par terre tel un cochon couinant, totalement couvert de sang. Le fanfaron faisait assez peur.

Suite à cette chute, la troupe se retourna. Le claquement de tête contre le béton, était, je dois dire, assourdissant. Un membre assez gras avec un nez écrasé et un menton en galoche cria.

- Regardez, le gars, là, il est le sosie de Poutchimir Sukendo.

Un autre membre, bien plus mince renchérit.

- Oh mon Dieu. Si mère le voyait. Qu'elle serait heureuse. Un autographe, SVP ! Je possède l'intégralité de vos œuvres musicales. Elles sont toutes magistrales, d'une finesse incomparable. Un autographe ou je vous tire une balle dans la tête. Vous êtes bien pensionnaire de cette maison psycho-correctionnel, n'est-ce pas ? Nous avons tous les droits sur vous, dont celui de vie ou de mort. 

D'une position obséquieuse, je passais à une position de force. Si l'on supprimait le droit de mort quant à mon sujet, bien sûr. Conscient de ma chance, je me relevais avec force, courage et vigueur. Le poing levé, les jambes tremblantes. Je cria de manière vive.

- Mes chères enflures, je suis Poutchoumir Taikwendo. Ne m'en voulez pas, je dois partir en toute hâte. En effet, j'ai un rendez-vous d'une importance capitale avec une chanteuse de RNB dont le sexe-appeal est sans égal.

Le gros lard renchérit.

- Chante, mec. Il fait morose ici. On a envie de se détendre. Pas vrai les gars ?

Ils acquiescèrent tous en chœur.  

- OK OK. Toi-là, le cochonou. Donne-moi le rythme. Tu connais Keyboard Cat ? Fais moi le synthétiseur. Disais-je avec entrain.


Ni une, ni deux. Il commençait à jouer la mélodie. Tapant dans mes mains, je me mis à chanter une chanson de haute-volée.

- Ze is baby, baby. Give me your body, body. You are my baby, baby. Too sexy, sexy.

Devant mon immense représentation, ils furent empli d'une incommensurable admiration. Ils étaient totalement captivés. Jamais, ils n'avaient dû voir une personne avec autant de talent. Bien que je sois modeste, il fallait l'avouer. Mon interprétation était parfaite. PARFAITE !

- My hearth is for you, baby. I am in love with youuuuuuuuuuuuuu. Oh yeahhhhhhhh !!!!

Je terminais ma chanson avec style en faisant un tour sur moi-même: Le public restait sans voix. Cependant, et à ma grande surprise les applaudissements ne vinrent pas. Le silence était glacé. Le pourceau faisait la moue. Que dire de ses congénères dégénérés...Leur visage était fermé.

- Tu n'est pas la star de notre pays. Tu n'es qu'un capitaliste libéro-nazi qui à donner son cul aux américains, dit le gros.

- Vos cœurs sont aussi durs que la calotte glaciaire. Cependant, je garde espoir. Un jour, elle fondra comme cela se passe déjà dans notre monde quasi-mongolien, répondais-je froidement.

- Ce gars est totalement malade. Emmenons-le chez le directeur. Lui, saura quoi faire, répliqua l'animal.

- Bien, si c'est comme cela. Amenez-moi chez votre chef. Vous verrez que ceci n'est qu'un misérable malentendu.

Ils s'emparèrent de moi pour me trainer dans le couloir jusque chez le directeur de cette établissement sordide. Je n'avais encore rien vu...




Note de l'auteur : Lors de cet épisode, tu auras constater que mon vocabulaire et la tournure de mes phrases sont plus soutenues que d'habitude. C'est normal, je n'avais pas de drogues débilitantes à disposition dans cette prison.