L'épopée médicale "5ème Partie"

La prison mentale est pire que la prison physique. J'aurais tendance à ne plus le croire. Depuis le temps que je suis bloqué en Russie, j'ai comme la bizarre impression de n'être plus qu'une marchandise. Passer d'une cabane à une sorte de prison. C'est un peu comme passer d'un magasin à un autre. Le produit ne se vend pas là. On va essayer ailleurs. Qu'a-t-on à perdre ? Dans mon cas, ce serait la vie...


Je pourrissais dans cette cellule. Je pensais à mon aventure avec Flitkova. Enfin, mésaventure serait plus à proprié. Je me revoyais entrain de me faire latter la tronche. Je revivais la scène. Son petit sourire mesquin m'avait excité. Elle prenait plaisir à me donne des coups. Je tenterais bien de lui en mettre d'une autre façon, si j'en avais l'occasion. Elle avait ce qu'il fallait, là ou il fallait. Nous étions partis sur de mauvaises bases. Le plan à élaborer était simple. J'écris le bouquin. Je te fais une histoires d'Heroic-Fantasy pas trop compliquée avec des sorciers, des vampires et une fin heureuse à l'américaine. J'asperge les pages à l'eau de rose. Toutes les gamines se jettent dessus. J'en vends des tonnes. Je deviens riche. Flitkov aussi. Heureux, il me libère. Flitkova, elle, tombe sous mon charme financier. Et je la tartine dans tous les sens. Ouais, je suis trop un putain de génie.


Freud pouvait être fier de moi. Je contrôlais mon inconscience avec grande habileté.

Avant d'écrire ce bouquin, il fallait un manuscrit vierge ainsi qu'un stylo. Je tapotais donc sur la porte de manière vive en criant.

"L'enflure de garde, t'aurais pas du matos d'écrivain pour moi."

Aucune réponse.

" Allez quoi, je t'emmerderai pas. Je suis pas un putain de musicos. Je te casserai pas les oreilles en chantant du Goldman, ou ce genre de chansons d'enfoirés. Faut que j'écrive là. Tu voudrais pas me faire rater un top-coup."

Toujours rien.

"Connard ! "

La porte s'ouvrit. Un type chauve, fort blanc, habillé d'un costume noir et d'un brassard rouge apparut avec la lumière artificielle. J'étais ébloui, je mis le coude devant le visage.

" Mec, j'ai jamais voulu t'insulter. Tu m'en veux pas, hein !? C'était pour déconner. Ouais, je voulais juste un bic pour me suicider, rien de plus. Tu vas rien me faire, hein !?"

Il me fixa. Me regarda de haut en bas. Le regard était assassin. Le dédain qu'il avait à mon égard lui tordit les lèvres. Les baffles recrachaient à nouveau du son. Le gardien changea d'attitude. D'un seul coup, il se décontractait. Il entama un Kalinka.. Cette musique Russe envoutante rendait la situation encore plus irréelle. Il m'invita à danser avec lui. Je fis non d'un geste de la main. Il me répondit.

"Danse ou meurt."

Il m'avait convaincu. Ma décision était prise. J'acceptais. Je me joignis à lui et l'accompagnais dans une danse débridée. Un ours noir faisant des cabrioles ainsi que des danseurs entrèrent en trombe dans la cellule. Je me déhanchais dans les cris et l'euphorie du moment. Main dans la main, nous tournâmes ensemble autour de l'ours en sautant frénétiquement. Les cris de joie se mélangeaient magistralement à l'entrainante mélodie. Petit à petit, la musique s'emballait. Surexcité, je fis une pirouette aux côtés de l'ours. Lui donnant sans le vouloir un coup de pied retourné en pleine face. Sous l'emprise de la musique, personne ne l'avait remarquer. Mieux encore, nous nous mîmes à piétiner l'ours. Les craquement d'os suivaient en rythme la musique. Crak, crik, crok. Crik, crak, crok. Les couinement de l'ours me faisaient penser au son des jouets pour chien. Tandis que les spittes de sang me rappelaient les casseroles surchargées de sauce tomate en pleine ébullition.


Quel folklore, qu'est-ce qu'on s'était marrer ce jour-là.


Finalement, la prison ça avait aussi du bon...




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Attention à toi, les écureuils qui disent des conneries. Je les bouffe comme des chips bien croquants !